POING LEVÉ PIPE FENDUE
Ils
n'étaitent pas quatr'garçons dans l'vent
Avec de longues
mèches par le devant
A leur concert on
n’a pas vu
D'hystériques gonzesses
ni de chahut
Avec leurs sourires
amènes
Sur leur trogne d'échanson
Il grattouillaient
des guitares naines
Pour en sortir des
p'tites chansons
Joyeux,
paisibles et farfelus
Goguenards, soiffards et détendus
Ils
allaient poing levé et pipe fendue
Ils n'allaient pas
au garde à vous
Il refusaient le pas
de l'oie
Le kaki pimpant des
pioupious
Ça ne les émouvaient
pas
Ils n'écoutaient pas
les tribuns
Ces dispendieux
aboyeurs
Et leur docte
baratin
Ils les toisaient
d'un œil railleur
Se
gardaient des discours entendus
Des
promesses jamais tenues
Ils
allaient poing levé et pipe fendue
Il n'avaient pas la
peur aux ventre
Lorsque passait l’étranger
Ils lui disaient
simplement "Entre
On a du pain à
partager"
Il ne croyaient pas
à Jésus
Aux bondieuseries aux
oracles
à ces fadaises
décousues
Le pinard était le
seul miracle
Aucun
prophète n'était attendu
Ils
croquaient le fruit défendu
Ils
allaient poing levé et pipe fendue
On n'change pas un
monde bancroche
Par les vertus des
double-croches
On se le rend plus
présentable
On se le rend moins
détestable
Joyeux,
paisibles et farfelus
Goguenards, soiffards et détendus
Ils
allaient poing levé
Ils
allaient pipe fendue
Ils
allaient poing levé et pipe fendue